La structure patriarcale de notre société est fondée sur le code de l’honneur qui tire toute sa quintessence de l’indétrônable virginité…
Depuis les temps immémoriaux, la sexualité a, le plus souvent, captivé l’attention, fait jaser et/ou fantasmer en vase clos, voire heurté la sensibilité de celles ou ceux qui la répugnent, fruit de leur ignorance sur un sujet qui demeure, encore, un tabou en Algérie. Mal en prendra, en effet, à quiconque d’aborder ce genre de « Aâr » (honte, scandale) sur la place publique. C’est à peine si on ose le faire, prudemment, entre copains et /ou copines, et non sans une certaine dose d’humour comme pour mieux faire avaler la « pilule » à son vis-à-vis. Tout ce passe comme si on ne connaît rien à ce sujet ou on feint de l’ignorer tout en faisant, pourtant, de « l’amour » soit entre couples unis par les liens sacrés du mariage, soit entre couples hors unions.
Des guillemets, on ne peut plus, incitatrices à plus de réserves à observer sur un terme, certes le plus beau qui soit à prononcer et à vivre dans le monde, mais pas dans notre pays, fort malheureusement. Culturellement parlant, il change de sens dans le langage populaire, le reléguant, de facto, au stade primaire, bestiale, et/ou vulgaire. Là se résume l’hypocrisie de notre société qui ne veut pas ou ne peut pas se débarrasser de ce boulet qu’elle traîne depuis des millénaires. Soit pour perpétuer in petto la tradition ancestrale, soit pour causes de résistances inconscientes aux progrès des temps modernes.
Le second terme étant lâché, la tradition a bâti des pans entiers de générations sur des dogmes et autres interdits sociaux à respecter sans sourciller au risque de se voir éjecter du giron familial et tribal. Si ce n’est, plus grave encore, se faire assassiner par les siens à l’image de certains mélodrames dont la presse nationale s’est fait, récemment, écho. Des restrictions sociales incomprises par une frange juvénile en mal-être à un moment crucial de leur vie : la puberté qui chamboule et dans les formes physiologiques et dans les profondeurs psychologiques. N’est-ce pas qu’à cet âge là, pour l’exemple, que nous assistons aux déviations sexuelles appelées communément homosexualité, lesbiennes, voire…Chut ! Connais pas ! Faut, surtout pas, en parler. Les temps ont changé, me diriez-vous, parce que les mentalités ont évolué depuis ces temps immémoriaux et qu’une certaine éducation sexuelle suit son cours. Encore faut-il souligner qu’il s’agit là d’une frange sociale minoritaire, au niveau de vie appréciable – au sens intellectuel et matériel du terme – qu’elle ne se permettra pas le « luxe » de rater l’immanquable vis-à-vis de sa progéniture. Encore que…
De l’expression métaphorique
Ces deux dernières décennies ont, davantage, obscurci les horizons dans la mesure où on assiste, impuissants, à une déferlante nommée Image que l’Occident et l’Orient se disputent pour nous l’imposer. Les deux parties en conflit ont réussi, conjointement, leur coup fourré du fait même où notre société est scindée, en gros, en deux blocs distincts : les « modernistes » d’un côté, « les conservateurs » de l’autre. Et c’est ainsi que naquit une animosité latente puis éclatante au sein de notre société qui a dévié progressivement de son propre chemin et/ou destin qu’elle avait en main jusqu’à sombrer dans l’occultation de ses propres valeurs auxquelles elle pouvait et peut, encore, se référer. Et ce, même si le tout n’est pas immuable puisque rien n’est immuable, après tout, dans la vie. La structure patriarcale de notre société que l’occident lui-même nous enviait jusqu’à une certaine époque mais qui n’a plus cours de nos jours – dés lors où c’est l’épouse qui, généralement, dicte à l’époux ce qu’il doit dire ou faire – est fondée sur le code de l’honneur qui tire toute sa quintessence de l’indétrônable virginité. Le troisième terme « Virginité » qu’on ne lâche pas aussi facilement comme on en voudrait, demeure une vertu, « un rempart » que d’aucuns n’osent « percer » encore moins discuter. Si la science a démontré que certaines filles perdent leur hymen accidentellement dans l’exercice d’une activité sportive ou qu’elles en sont carrément dépourvues dés leur naissance, elle (la science) a, en revanche, remis en place la membrane de celles qui ont osé franchir le seuil intolérable ou se sont fait violer. C’est pour ces deux raisons, d’ailleurs, que des guillemets accompagnent, volontiers, les termes qui ont précédé dans le but de souligner l’intransigeance sociale – et à quelque niveau que ce soit – sur ce qui est considéré comme un « sésame » laissant grande ouvertes les voies de l’union sacrée du mariage. Et de sacré, qui mieux que le volet religieux – et c’est le quatrième terme très sensible celui là – pour couronner le tout bien ficelé et offert comme cadeau de mariage aux futurs convolants en justes noces.
Loin de moi l’idée de jouer à l’éclaireur de la pensée musulmane – nous avons suffisamment de Muphtis chargés de cette tâche – il ressort, néanmoins, de ce que tout musulman a appris du saint coran que les principes de la Sunna interdisent purement et simplement toute relation sexuelle en dehors de l’union sacrée du mariage. Du coup, la liberté sexuelle est indigne de celui qui s’en servirait au risque d’être accusé d’apostasie tout comme l’est, tout autant, le narrateur érotique. A l’exception des expressions métaphoriques, tolérées celles là, et auxquelles des familles toutes entières sont conviées lors des soirées musicales typiquement chaâbi et andalou où le message passe sans encombres…
Rabah DOUIK