Le nouveau tunnel de Ziama Mansouriah et la "caméra cachée"

Redaction

jijel_tunnelJIJEL – Si le nouveau tunnel routier de Ziama Mansouriah, près de Jijel, ouvert au début de cette année, a prouvé son efficacité au plan de la fluidité du trafic entre Jijel et Béjaïa, il a aussi le mérite, et c’est peu dire, de contribuer à débusquer les « terroristes de la route ». Et ils sont très nombreux à s’y être fait épingler grâce à des moyens technologiques redoutables !

Véritable chef-d’œuvre dont s’est dotée la wilaya de Jijel sur la RN 43, un axe très sollicité aussi bien par des véhicules en tous genres, ce tunnel de 630 mètres, réalisé par un groupement d’entreprises algéro-italien, a mis fin à un calvaire longtemps enduré par les usagers de cette liaison stratégique entre deux wilayas côtières.
Constatant l’élargissement du corps de chaussée entre El Aouana et Ziama Mansouriah, sur environ 22 kilomètres, les usagers, poussant un ouf de soulagement, sont unanimes à reconnaître l’opportunité de cette réalisation venue supplanter l’ancien ouvrage presque centenaire, creusé à la façon « artisanale » et aujourd’hui désaffecté.

Pourvu d’équipements de sécurité, de contrôle et de surveillance de « dernier cri », installés dans un édifice à deux pas des légendaires « grottes merveilleuses », ce tunnel abondamment éclairé, de jour comme de nuit, offre, en fait, toutes les conditions requises pour assurer aux automobilistes une traversée « impeccable ». Le hic est que certains chauffards, et ils restent hélas fort nombreux, continuent de faire fi du code de la route, en effectuant entre autres « faits d’armes » dépassements extrêmement périlleux.

Mais c’est sans compter sur la vigilance des caméras installées çà et là pour surveiller tout le trafic, et surtout épier toute anomalie. En quelques mois d’exploitation seulement, les caméras de ce tunnel ont révélé bien des scènes insolites. Des faits que leurs auteurs ne pourront réfuter, car les pièces à conviction existent au niveau du poste de contrôle…

Outre les imposants extracteurs d’air, les extincteurs, les points-téléphone et une foule d’autres équipements sophistiqués, 13 caméras, installées à l’intérieur et aux abords du tunnel, veillent sur la sécurité des usagers et de l’ouvrage qui aura coûté, équipements compris, quelque 3 milliards de DA. En quelques mois seulement, ces « yeux » technologiques ont filmé des scènes mettant en « vedette » des routiers se livrant à des sortes de rodéos tout à fait incongrus et en tout cas dangereux dans pareil endroit.

Triste cinéma

Outre les cas de dépassements dangereux avec large franchissement de la ligne continue, qui sont légion comme le prouvent des enregistrements vidéo, des scènes parfois impressionnantes de stupidité s’y déroulent tel ce noctambule qui n’a pas trouvé mieux que d’essayer de se jeter sous les roues d’un camion. Un candidat au suicide qui ne dut son salut qu’à la vigilance du camionneur qui « subodora » le geste du désespéré et stoppa son engin à temps. Une autre vidéo montre les passagers d’un véhicule léger, sans doute des « adeptes de Bacchus », descendre en plein milieu du tunnel pour esquisser quelques pas de danse avant de poursuivre leur route en direction de Béjaïa.

L’œil infatigable de la caméra débusquera aussi un quidam tentant d’exercer ses talents de « tagger » sur le mur faïencé de l’ouvrage. La caméra, tel un lynx, a ainsi mis à nu les gestes de routiers qui se moquent du code de la route et de la netteté des lieux « comme de l’an quarante ». Quelques-uns poussent même l’inconscience jusqu’à annoncer leur participation à une caméra cachée.

Le travail qu’accomplissent les jeunes techniciens affectés, en permanence, au poste de contrôle de ce tunnel n’est à l’évidence pas un jeu de « caméra cachée », mais se révèle d’une grande utilité et d’une efficacité éprouvée en cas d’accident ou de catastrophe, soulignent les responsables concernés.

Les yeux et le cœur d’un ouvrage hyper utile

Tout comme pour les radars implantés sur les routes, ces caméras sont les yeux et le cœur d’un ouvrage, rêvé depuis longtemps et venu à point nommé pour supprimer l’un des plus gros « points noirs » de la corniche jijelienne, surtout au niveau des « grottes merveilleuses » où, il n’y a pas si longtemps, des usagers pressés en venaient parfois aux mains pour se frayer un chemin sur l’ancien tunnel, ouvert en 1917.

Les responsables en charge de la surveillance et de la maintenance du nouveau tunnel de Ziama Mansouriah restent malgré tout convaincus que l’omniprésence des objectifs des 13 caméras finira bien par dissuader les fous du volant, actuels ou en herbe.

Quant à l’ancien pont en pierre de taille, construit dans le prolongement du tunnel « antédiluvien », il sert actuellement de lieu de promenade pour les estivants, encore nombreux cet été et qui peuvent admirer à loisir le bleu de la mer et la plage aux galets des grottes merveilleuses, traversée par l’oued « Dar el Oued », sur lequel veille une montagne verdoyante reposant dans une attitude hiératique. Ce qui devrait, à en croire un ancien chauffard assagi, une sorte de « rodéo man » repenti, inciter à des attitudes beaucoup moins suicidaires ou meurtrières, c’est selon, de la part de certains usagers de la route.

[Aps.dz 26/7/09]