
Je voudrais le voir mort, disparu, effacé, insulté, jugé, pendu et dépouillé de tout. Je voudrais le voir jugé et exécuté doucement pour assouvir en moi la colère et la haine. Je voudrais ne plus avoir à vivre dans ce pays, en même temps que lui. Je voudrais le voir lynché. Sincèrement. Je m’en sentirais propre et enfin réparé dans mon honneur d’algérien. Je voudrais. Le tuer. Tuer le FLN. Comme la France coloniale l’aurait souhaité. Je voudrais l’exécuter contre un mur et cracher sur son cadavre.
Car au début c’était un front. Puis, après la décolonisation, il est devenu des mains. Mille mains voraces et griffues. Mille accaparations. Puis, avec la famine et la cupidité, il est devenu une bouche. Immense. Large. Ouverte et sentant l’haleine morte. Il mangeait tout y compris les enfants nouveaux de ce pays. Il avalait. Il mordait. Et quand le pays a basculé dans la guerre, il est devenu des pieds, des semelles. Une fuite et des lâchetés. Un ventre pour danse du ventre. Une échine pliée et courbée. Et aujourd’hui ? Il revient. C’est un chien. Un dobermann. Un homme au crane rasé, avec une ceinture à l’hôtel Aurassi avant hier. Un intestin qui s’enroule autour de mon pays et qui l’étrangle. Un excrément. Un gang. Un bas ventre. Un œil et un jeu de hanches et de danseurs. Un instrument de musique. Puis une danse et une prostituée. Des hanches. Un tour de taille. Un horde de Fellagas après l’indépendance au nom des martyrs d’avant la libération.
A cause de lui les enfants de l’Algérie rêvent désormais d’être videurs en grandissant. Ou dobermanns. Ou enturbannés distribuant des passeports de Hadj. Ou voleurs. Ou harkis avec biens et immobilier à Paris. Ou prostitués. Ou comploteurs. Ah j’en rêve. D’écraser aujourd’hui le FLN, comme la France ne l’a pas réussi. Je rêve de libérer le souvenir de Larbi Ben M’hidi du présent de Belkhadem et de Saidani. C’est mon ennemi. L’insulte qui m’est faite. Ma honte première.
Ma guerre de Libération.




