La nouvelle n’a pas fait -pas encore- la Une des journaux.
Elle est pourtant d’importance.
La semaine dernière, Silvio Berlusconi, dont le pays préside le G8 cette année (et qui reçoit Nicolas Sarkozy aujourd’hui), a discrètement invité l’Iran à participer à une réunion des ministres des Affaires étrangères du Groupe, le 27 juin prochain à Trieste.
Il s’agira de discuter de l’Afghanistan.
Hier, Téhéran a confirmé officiellement l’envoi de cette invitation.
Est-ce là le premier signal concret du dégel à venir entre l’Occident et l’Iran?
C’est possible.
Berlusconi n’aurait jamais entrepris une telle démarche sans l’aval des autres membres du G8, et en particulier des Etats-Unis (la présidente de la Chambre des Représentants a d’ailleurs soutenu publiquement l’initiative hier).
En cautionnant cette invitation, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton fait donc de fait savoir à son homologue iranien qu’elle est prête à le rencontrer à Trieste en juin prochain – ce qui serait une première depuis trente ans.
Pourquoi Berlusconi a-t-il lancé cette invitation maintenant ?
1/ Deuxième partenaire commercial de l’Iran, l’Italie est sans doute le pays occidental qui entretient les meilleurs rapports avec l’Iran. Elle peut donc, dans une certaine mesure, jouer les intermédiaires entre Téhéran et Washington.
2/ Barack Obama cherche, à l’évidence, un moyen de tendre la main aux Iraniens, sans paraître faible ni donner le sentiment de faire cavalier seul. Le G8, qui comprend tous les grands pays européens qui discutent d’ores et déjà avec Téhéran, semble un bon format pour renouer le dialogue.
3/ Le thème de l’Afghanistan est celui qui devrait permettre une première avancée concrète entre les USA et l’Iran. Les deux pays ont intérêt à une stabilisation du pays et à une défaite d’Al Qaida. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Américains et Iraniens ont déjà mené fin 2001 des discussions sur l’Afghanistan (à des échelons diplomatiques peu élevés toutefois.)
Notons qu’Obama a une autre raison de tendre la main à l’Iran à propos de l’Afghanistan: s’il veut obtenir des renforts européens, il doit leur prouver qu’il est prêt à imaginer toutes sortes de solutions diplomatiques – et pas seulement militaires- au conflit.
De même, Berlusconi, qui est l’un des rares dirigeants européens qui a, d’ores et déjà, accepté d’envoyer plus de troupes en Afghanistan, doit donc montrer à son peuple et à l’UE dans son ensemble, très réticents, qu’il travaille aussi à des solutions politiques au conflit.
Vincent Jauvert
Source: Nouvelobs