La téléphonie mobile en repli pour la première fois depuis 2000

Redaction

tel Une première depuis l’an 2000: Le marché du mobile a reculé en 2008 de -1,6%, alors que le dynamisme perdure au Maroc (+16%) et en Tunisie (+ 9,3%). Avec 52,9 % de parts du marché, Djezzy, la filiale la plus rentable du groupe égyptien Orascom, perd de sa prééminence mais continue de distancer Mobilis, la filiale d’Algérie Télécom (28,5%) et Nedjma, du qatari Wataniya Telecom (19,3%). Tels sont les chiffres qui nous ont été communiqués par une source proche de l’ARPT.
La téléphonie mobile a enregistré plus de performance en passant de 54.000 abonnés en 2000 à 23 millions d’abonnés à fin mars 2008 avec un taux de pénétration de 82%. Les activités les plus timides sont «la téléphonie fixe, l’Internet haut débit et l’utilisation des nouvelles technologies», dixit un patron d’un cabinet de conseil spécialisé en nouvelles technologies. Principal mis en cause? Algérie Télécom (AT), l’opérateur historique, qui a le monopole du fixe et des infrastructures, ne parvient pas à stimuler le marché. AT a multiplié les annonces : atteindre 6 millions d’abonnés au fixe en 2013, soit le double d’aujourd’hui. Et développer l’accès à Internet, dont la bande passante est aujourd’hui saturée, en misant sur l’ADSL et le Wimax.
Quant à l’ouverture du capital de l’opérateur historique, c’est le calme plat depuis 2004. Algérie Télécom ne sera pas privatisée et son capital ne sera pas ouvert au privé. AT veut se développer seule, elle dit en avoir les moyens. «AT semble vouloir se positionner en tant que fournisseur d’infrastructures en situation de monopole et s’orienter vers le marché du haut débit», décrypte un directeur d’un cabinet spécialisé sur les télécoms en Afrique. Le blocage? «Les lignes téléphoniques sont de mauvaise qualité», reconnaît un expert consultant. Priorité est donc donnée au développement de la fibre optique grâce à un plan d’investissement de 100 milliards de dinars d’ici à 2013. Le groupe peine à recouvrir des créances, surtout auprès de l’État, pour près de 50 milliards de dinars (500 millions d’euros), soit presque le chiffre d’affaires, estimé à 60 milliards de dinars en 2008. Le programme E-Algérie 2013, lancé au début de 2009 pour développer les TIC, pourrait y contribuer s’il avait un budget.

«e-Algérie» ou la mise du développement

«Il sera élaboré en fonction des étapes et des phases prévues pour son exécution, et présenté par année jusqu’à sa finalisation avec une consolidation 2009-2013», selon une source du ministère des Postes et des Télécommunications. Le projet «e-Algérie» prévoit, en effet, 21 actions dans le cadre de l’axe portant renforcement de la recherche-développement et de l’innovation qui se décline en sept objectifs principaux. Le ministre de la poste et des technologies de l’information et de la communication (TIC), M Hamid Bessalah a déclaré récemment que «la connexion au réseau ADSL est estimée aujourd’hui à 13,5% alors qu’elle était de 10.5% jusqu’à fin 2008».
Dans la stratégie e-Algérie 2013, le gouvernement vise à rattraper le retard enregistré sur la modernisation des administrations et institutions public. Qui sortira vainqueur du marché TIC algérien? Les SSII Marocaines et Tunisiennes s’apprêtent à conduire un mouvement d’off shoring vers l’Algérie. Les besoins en systèmes d’informations sont immenses. L’attrait pour les SSII Tunisiennes et marocaines et tel que leur rivalité s’est révélée au grand jour lors du dernier MED IT d’Alger. Les deux rivales avancent parfois leur pion dans les coulisses et par l’entremise de leurs partenaires français et de la zone euro. Le groupement Informatique de Abderazak Lejri. BFI dans l’informatique pour la finance, et le groupe Discovery dans les ERP ont ouvert le bal. Depuis on ne compte plus les SSII tunisiennes présentes en Algérie.

L’exemple tunisien

Le groupe Loukil a tissé son réseau dans les Telecom et le Groupe 3S achève de transférer son savoir faire. Le mode d’emploi tunisien s’appuie sur un principe clé, nouer de solides relations de partenariats avec les SSII locales, transférer l’expertise, s’adapter aux spécificités locales. A cela il faut ajouter la mobilité des SSII tunisiennes, contraintes de franchir les frontières compte tenu de l’étroitesse du marché local associée à une culture enracinée d’off shoring. En outre, elles n’agissent pas toujours en solo mais via des regroupements de circonstance qui stimulent le travail collaboratif et la diversité des expériences. Aujourd’hui et au lendemain d’une vague success strory d’aucun songent à une association TIC fédérant les atouts des deux pays, un pas supplémentaire vers le Maghreb des technologies et de l’innovation. Tout récemment a été lancé un réseau de recherche dans le domaine des sciences et technologies de l’information et de la communication (2RSTIC).
Inscrit en droite ligne de la e-Algérie 2013 visant l’instauration d’une société de l’information et d’une économie numérique, ce réseau vise à rendre la recherche utile et plus productive. Trois entreprises, 13 universités, 19 laboratoires et centres et 36 équipes de recherche ont adhéré au 2RSTIC, dont les projets seront soutenus par l’Etat et proposés par les différents pôles constituant le réseau. Le financement du réseau sera assuré par le Fonds d’appropriation des usages et de développement des TIC (FAUDTIC), créé en décembre 2008, qui prévoit des subventions de l’Etat et la récupération des fonds dormants au niveau de l’ARPT pour les utiliser dans la recherche, la formation et la normalisation en matière de télécommunications ainsi que la généralisation de l’accès à internet. Des fonds propres du ministère seront également mobilisés pour financer le projet. Le marché des TIC en Algérie, s’il est encore à l’état embryonnaire, pourrait en effet constituer un débouché de taille pour les entreprises s’il venait à se développer.

B.A.
Avec Le Financier