Le retour du conservatisme en Algérie. Quand l’histoire nous interpelle !

Redaction

ALGERIA-ISLAM/VIOLENCE Le conservatisme n’est pas un phénomène nouveau en Algérie puisque nos ainés ont eu à le vivre et surtout à l’assumer…

En réfléchissant à deux fois plutôt qu’une pour savoir sous quel prisme aborder un sujet aussi sensible que le retour au conservatisme dans notre pays – sachant, au préalable, que notre société n’est guère favorable à l’autocritique – une idée a, comme par enchantement, surgi pour servir de fil conducteur, et ce, à la faveur d’une discussion que j’ai eu avec un ami. Avant de vous la livrer, telle qu’elle, flash back sur une histoire à deux temps. Le conservatisme n’est pas un phénomène nouveau en Algérie puisque nos ainés ont eu à le vivre et surtout à l’assumer loin des tumultes, il est vrai, de l’Occident et/ou de l’Orient. Il est fait mention, ici, de la période coloniale où l’ennemi à lui seul suffisait pour servir de catalyseur à nos concitoyens unis autour de leurs repères identitaires qu’ils brandirent comme bouclier naturel à même de concourir à la préservation de leur personnalité. Retenez bien ce terme que je reprendrais plus loin. Ceci est, du reste, valable à toutes les époques coloniales de l’Algérie, qu’elles soient phéniciennes, romaines, vandales, byzantines (…) espagnols, et turques. Même si la conquête des arabes musulmans au tout début du 7e siècle pour instaurer l’islam dans l’ancienne Numidie a été, au départ, combattue notamment par la légendaire reine guerrière des Aures Dihya. Il n’en demeure pas moins, qu’après sa capture et sa décapitation en 686, les berbères d’Algérie, sans doute, se sentant plus proches de l’Islam que des autres religions – de par notamment la similitude de certaines valeurs traditionnelles que l’islam incarna à leur yeux d’où la formule en vogue « islam traditionnel » reconnu plus tolérant pour l’exemple édifiant – se mirent au service de la parole de notre créateur qu’ils diffusèrent aussi bien en Algérie qu’en Andalousie par l’entremise de Tariq Ibn Ziyad (…). Ceci pour clore la parenthèse ouverte succinctement sur l’islam, religion majoritairement pratiquée en Algérie.

Les mutations sociales

La période post indépendance de l’Algérie est, sans aucun doute, celle qui a bousculé toutes les idées reçus et/ou préjugés préconçus. L’Algérie en tant que nation, enfin, libérée des jougs coloniaux successifs accède aux relations bilatérales ou multilatérales qu’elle entretient avec le reste du monde duquel, elle ne pouvait et ne peut s’y soustraire. Ceci pour souligner, du coup, les profondes mutations d’un peuple qui voyage, découvre, commente, et change de visions par rapport à ce qu’il a appris et vécu jusque là. Ses visions peuvent l’amener à opérer des choix judicieux ou non. Tout dépend, en fait, de sa personnalité : s’il était suffisamment imprégné de son histoire passée – au sens individuel et collectif du terme – Il saura ce qu’il reste à prendre de la modernité pas du tout incompatible à fusionner avec la tradition. Le cas de la Chine est, on ne peut plus, édifiant dans ce cas de figure malgré le chemin qui lui reste à parcourir. A contrario, ses choix ne pourront être qu’erronés car ne se basant sur aucune lecture de ses fondements antérieurs. C’est dire toute l’importance qu’il fallait et qu’il faut accorder à notre histoire qui n’arrête pas de nous interpeller. Tous les pays industrialisés sont passés par cette étape décisive, revisitant leur passé avec beaucoup de courage et d’objectivité. Ces puissances là ont compris que seule la (re)connaissance du passé situe le présent et celui-ci se charge de mieux appréhender l’avenir. Les soubresauts qu’a traversés l’Algérie au cours de la décennie noir et rouge, plus particulièrement, n’étaient pas de nature à faire passer le message aux jeunes générations totalement déconnectées de leur passé et tout ce qu’il véhicule comme valeurs historiques, culturelles, et sociales. Alors, pourquoi s’étonnerait-on, aujourd’hui, du retour du conservatisme en Algérie, non pas celui d’antan méconnu de toute façon, mais d’un nouveau genre, celui-là, puisqu’imbibé de connotations mystico-religieuses moyenâgeuses ?

Rabah DOUIK