La campagne électorale a pris fin. En réalité, elle n’a jamais démarré. Cette pratique, communément démocratique, a été, hormis son caractère superflu, marquée par une abondance de meetings creux, sans consistance et tristement dépourvue de contenu palpable.
Aucun programme concret n’a été développé par les six candidats en lice. Ces derniers se sont contentés de répéter ce que tous les Algériens d’en-bas savent déjà. Les discours étaient saoulant et rébarbatifs. Les prétendants à la magistrature suprême se sont illustrés par leur totale incapacité à diagnostiquer la situation du pays, ses incohérences institutionnelles, son économie archaïque et sa fracture sociale.
Ils sont encore moins capables d’en apporter les solutions idoines. Les Six ne font pas, visiblement, la différence entre dire ce qu’il faut faire et trouver comment le faire. 35 millions d’algériens savent très bien qu’il faut débarrasser le pays de sa dépendance alimentaire, qu’il est impératif d’impliquer les jeunes dans le développement de leur pays, qu’il faut une révolution à tous les niveaux, qu’il faut, qu’il faut et qu’il faut.
Peu d’entres-eux savent comment le faire (enfin normalement). Et ils n’étaient pas en course, ça c’est sûr.
A-t-on entendu ou lu un candidat exposer un programme avec des modes d’actions et non des objectifs à atteindre? Non.
A-t-on vu un candidat revendiquer une rupture, choquer nos esprits coincés, révolutionner la donne nationale? Non.
Les Six plaidaient pour une absurde continuité, axiome d’un pays en déphasage total avec le monde moderne.
Qui d’entre ces candidats pourra-t-il bouleverser les choses en Algérie, bousculer les consciences, nous troubler, nous emballer pour un projet commun qui osera nous dépasser de l’archaïsme des bains de foules et briser le consensus généralisé, synonyme de liberté perdue? Personne.
Le monde bouge. Et dans son mouvement il ne cesse d’accélérer. Que peuvent bien nous apporter des hommes usés par le temps, dépassés par les événements et terriblement prisonniers d’une légitimité historique qui nous réduit en un système foncièrement clanique?
Que voulez-vous espérer de bon d’un pays qui adopte le parachutage approximatif comme mode de sélection et croit et défend avec vigueur que la crise mondiale ne concerne que le monde, pas l’Algérie?
Croyez-vous qu’un Etat qui ne peut même pas gérer les prix de la pomme de terre, pourra s’affirmer dans un univers international qui mute et se redéploie?
Pensez que dans pas plus de 60 ans, il n’y aura plus de pétrole dans ce pays. Pensez-y profondément, et vous verrez que boycott ou vote, campagne ou pas, Bouteflika ou un autre, on est de toute façon, très très mal barré.
On se noie dans un verre d’eau, parole de taxi.
N.B.