Un peuple sans intérêts !

Redaction

Par Nassim Brahimi

En expulsant l’ambassadeur d’Israël, ultime signe de dénonciation des pratiques d’un Etat sans repères humains, Chavez est devenu plus arabe que les Arabes et plus musulman que les Musulmans (leurs Etats).

Mais au-delà de cette approche communautariste, Chavez est surtout devenu plus juste que les «justes» de ce monde. Car on a souvent tendance à oublier, avec une certaine hypocrisie d’ailleurs, que dénoncer les massacres à Gaza n’est pas différent que de se soulever contre l’oppression, partout où elle s’exerce dans ce monde.

Posons-nous la question suivante: Aurions-nous eu toute cette attitude révoltée et ce soutien sincère, si un autre peuple ou une autre nation étaient agressés et massacrés comme le sont les Gazaouis actuellement ?

La réponse n’est pas évidente et même qu’elle nous ferait très mal au cœur, tant les exemples sont passés tout au long de l’Histoire, sans que nous, musulmans, n’ayons soutenu les opprimés que quand ils nous étaient familiers d’une manière ou d’une autre. Or c’est justement là l’essence même de l’Islam: L’universalité du message.

Bien évidemment, en expulsant l’ambassadeur d’Israël, Chavez espère faire mal à son ennemi de toujours, en blessant son aile.
Ce geste, aussi louable soit-il, parle-t-il aux Gazaouis, ensevelis, meurtris et en panne de pain et d’eau?

Rien d’évident, mis-à-part, le sentiment d’être compris, vus et entendus avec l’espoir que procure la compassion.

Mais dans les faits, que Chavez insulte l’éternel «Satan» de Yankee, via son allié stratégique, n’y changera rien et ne sera, en réalité, que répertorié comme une énième gesticulation d’un révolutionnaire latino anti-américain, donc «anti-progrès», selon la terminologie des plus puissants.

Malheureusement pour Hugo, le marxiste qu’il est, a été détrôné par les Musulmans que nous-sommes.

Au sommet du podium des ennemis à inventer pour abattre, le 21ème siècle nous a invités à jouer le rôle de bouc-émissaire, au service d’une cause bien plus immense que notre perception du monde. Et il ne faut surtout pas croire qu’on subit, là, une croisade ou une quelconque guerre des religions. Rien à avoir.

On s’est juste retrouvé coincé en plein milieu d’un chamboulement d’intérêts, dans une époque où il s’est avéré que nous-étions les plus faibles et vulnérables des résistants.

Les terrains de bataille ont changé, et il est désormais beaucoup plus facile d’angoisser les populations par une barbe que par le bolchevique à la puissance nucléaire.

Si Israël veut ce qui reste de la terre des Palestiniens, c’est de son intérêt. Si les Américains veulent le pétrole des Arabes, c’est de leur intérêt. Si les Européens veulent plaire à toute la planète, c’est de leur intérêt. Si Chavez expulse l’ambassadeur d’Israël, c’est aussi de son intérêt.

Et nous, qu’avons-nous comme intérêt à défendre?

Courage Gaza.