Immigration clandestine. Harraga, jusqu'où peut aller le phénomène ?

Redaction

harraga FM L’immigration clandestine est devenue un phénomène de société. Sport national disent certains, honte diront les anciens. Ce phénomène n’est pas propre à la région d’Afrique du Nord. Les premiers boat people embarquaient des vietnamiens qui fuyaient leur pays lorsqu’il s’était engagé dans la nationalisation des entreprises et de collectivisation des terres. Le phénomène est tellement grandissant qu’une radio est née sous l’appellation harraga FM. Lancée par le syndicat tunisien des radios libres le 18 décembre 2008, cette nouvelle station radio sur internet sera dédiée exclusivement aux problèmes de l’immigration clandestine. Elle émettra en arabe, en français et en italien et se veut  » un espace de discussion ouvert à tout les sujets qui se rapportent à ce problème »

Témoignages

Hamid, de Babezouar à Athene:

« J’ai quitté Alger il y a de cela deux ans. Dans mon pays, j’étais statisticien. J’ai obtenu mon diplôme il y a de cela 4 ans à l’Institut National de Probabilités et Statistiques. J’ai cherché du travail pendant une année mais je n’ai rien trouvé. Le seul job que je me suis dégoté, c’est comme agent de nettoyage dans une entreprise privée qui tient le nettoyage et l’assainissement dans de grandes entreprises et institutions. C’est ainsi que j’ai décidé de partir, je ne savais ni où aller ni comment le faire. A mes parents, j’ai prétexté un voyage pour faire mes emplettes. J’avais pour habitude de faire ce genre de déplacements pour du « trabendo ». Au bout d’un périple qui m’a trainé dans plusieurs pays, m’a fait cohabiter avec des hors la loi et m’a fait fais vivre ma première course poursuite, je me suis retrouvé en Grèce. Dans le pays de l’Acropole, du temple des dieux, et des palais antiques, je n’y maitrisais ni la langue ni l’histoire. J’ai mis longtemps à m’adapter, mais heureusement que je n’étais pas seul. On m’a vite initié à la vente ambulante. Comme chez nous, les vendeurs ambulants sont légion dans ce pays du sud de l’Europe. La Grèce est une étape dans mon aventure, en tous cas c’est mon vœux. J’espère vite me refaire et aller plus au nord, où les opportunités sont plus intéressantes. »

Lotfi

« quitte à survivre, je préfère le faire avec les miens »

« Il y a 4 ans, j’ai tenté l’aventure européenne. J’étais comme tous les jeunes, plein de haine envers ce pays, l’Algérie, et plein d’espoir envers ce qui m’attendais de l’autre côté de la méditerranée. Je suis parti en bateau de manière plus ou moins légale. Arrivé sur place, j’ai fait appel à mes contacts, je suis issu d’un quartier populaire d’Algeret les voisins qui se sont fait la malle ne sont pas rares.

Arrivé en Angleterre, j’ai été littéralement choqué. J’ai vu la misère des algériens qui y « survivent« . J’ai compris que les échos que nous recevions à Alger sont faussés. Je pensais que ces gens vivaient mieux en Angleterre qu’ à Alger, il n’en est rien. Petits boulots, privation, travail au noir, leur quotidien est loin d’être une cure et encore ce n’était que le début.

Leurs vies ressemblent à s’y méprendre aux vieux films portugais qui traitent de l’immigration, et comme eux je me suis retrouvé malgré moi dans cette situation. Il m’a été assez facile de trouver du travail, dans le transport, j’étais chauffeur. Orgueil oblige, il fallait que je fasse profiter les miens de ma nouvelle vie, mais la vie est très chère en Europe. Les babioles que ces immigrés envoient à la fratrie sont le résultats de nombreux mois de privation et de dur labeur, parfois on accumule les petits boulot pour boucler le mois. La plupart d’entre eux sont obligé de tomber dans la petite délinquance, même si à la base ils n’étaient pas prédisposé à ce genre de comportements. Il sont peut être vus au pays comme des gens qui ont réussi, mais ici, ils font profil bas, j’ai vu comment ils vivent. Je suis revenu une année après à Alger, et bien sur j’ai essuyé les critiques et les moqueries y compris au niveau de ma famille. Je ne regrette pas un moment ma décision de revenir, au moins maintenant je suis fixé, je ne veux plus y aller. »

Kh_louna

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