La première femme d’origine africaine à être nommée ministre a été la cible d’insultes racistes.
Les insultes. Elle est la première femme d’origine africaine à devenir ministre en Italie. Cécile Kyenge Kashetu vient d’être désignée ministre de l’Intégration dans le gouvernement d’Enrico Letta, formé fin avril. A peine nommée, elle a dû faire face à des insultes sexistes et racistes, non seulement de la part de mouvements d’extrême-droite, mais aussi d’un parlementaire de la Ligue du Nord.
« Singe congolais ». Pour sa première apparition dans l’hémicycle, Cécile Kyenge Kashetu a été accueillie par des insultes racistes, selon le quotidien italien La Repubblica, cité par Slate Afrique, qui en dresse la liste : « singe congolais, Kyenge zulu, négresse, vilaine petite noire et même ministre bonga-bonga ». Sur la blogosphère, les mouvements d’extrême-droite s’en sont aussi donné à cœur joie, traitant la nouvelle ministre, née en République démocratique du Congo, de « guenon congolaise » et de « Noire anti-italienne ». Mario Borghezio, député européen et élu de la Ligue du Nord, s’est lui aussi illustré en qualifiant le gouvernement d’Enrico Letta de « gouvernement bonga bonga », en allusion aux fameuses soirées « bunga bunga » de Silvio Berlusconi. Quant à Cécile Kyenge, elle est sans doute « une bonne femme au foyer, mais pas une ministre ».
Une enquête ouverte. La ministre de égalité des droits, Josefa Idem, une Allemande naturalisée italienne, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces insultes. Laura Boldrini, la présidente de la Chambre des députés, a de son côté dénoncé des « vulgarités racistes », estimant que ces insultes avaient aussi un rapport avec le fait qu’elle est une femme.
« Je suis noire et je le dis avec fierté ». La ministre a répliqué à ces attaques en demandant qu’on cesse de dire qu’elle est une femme « de couleur », comme le disent les médias transalpins. « Je ne suis pas une femme de couleur, je suis noire et je le dis avec fierté », a-t-elle lancé. L’ophtalmologiste née en RDC a obtenu la nationalité italienne par son mariage. Elle a l’intention de défendre un projet de réforme de la citoyenneté, qui l’accorderait automatiquement aux enfants nés en Italie de parents immigrés, sans attendre leurs dix-huit ans. Pour elle, l’Italie n’est pas un pays raciste, mais au contraire un pays qui a « une tradition d’accueil et d’hospitalité ». Les insultes dont elle a été l’objet n’ont en tout pas laissé indifférent le footballeur italien d’origine ghanéenne Mario Balotelli, qui s’est dit prêt à participer à une campagne contre le racisme proposée par la ministre.
Lu sur : europe1.fr